Notre groupe de généalogistes amateurs a eu la chance de visiter les AD de la Gironde situées cours Balguerie Stuttenberg à Bordeaux le 29 janvier 2025.
Madame Patricia Guerrero nous a réservé un accueil des plus chaleureux et nous a guidés avec aisance à travers le labyrinthe des couloirs des archives. Elle a su nous captiver en nous racontant l’histoire du bâtiment, en découvrant le parcours des archives et leurs traitements. Nous avons ensuite passé un long moment avec les deux personnes en charge de la restauration des documents, qui nous ont captivés en partageant avec passion leur précieux travail de préservation des documents anciens.
Nous avons passé un moment des plus agréables en leurs compagnies et nous leurs adressons nos sincères remerciements.
L'histoire du bâtiment
Les Archives Départementales ont tout d'abord été stockées au 13 rue d'Aviau, à Bordeaux. Ce magnifique hôtel des Archives, construit sous le Second Empire, fut l'un des premiers bâtiments en France spécialement édifié pour accueillir des archives.
Toutefois, ce bâtiment est devenu trop exigu et trop vétuste pour y accueillir les 80 km d'archives que le département de la Gironde possède. En 2011, après quelques péripéties inhérentes à tout chantier, est livré le bâtiment que nous visitons aujourd'hui.
- 80 km d'archives
- superficie de 14 000m²
- la salle des Voûtes qui accueille les expositions temporaires
- une grande salle de lecture de 80 places
- une salle de restauration
- une salle de conférence
La salle des Voutes qui accueille les expositions
Le parcours des Archives et leur traitement
Les archives arrivent par camion au quai de déchargement. Elles proviennent de divers sites :
- Les communes (celles de moins de 2000 habitants sont obligées de verser leurs archives aux AD)
- Les notaires
- La Préfecture
- La Police
- Les fonds publics (qui représentent 80 % des archives) ...
Si nécessaire, les archives passent par la salle de "dépoussiérage" où sont enlevées poussières et petites bêtes... puis par la salle de quarantaine. Les archives passent ensuite par la salle de reconditionnement afin de vérifier la nécessité d'un changement de boite.
Il existe différents types de boîtes à archives, certaines étant spécialement conçues pour le type de documents qu'elles doivent contenir, comme ceux des notaires. Chaque boîte reçoit une cote spécifique, car son étiquette ne doit pas indiquer directement son contenu. Les documents sont ensuite stockés dans différents magasins.
La numérisation
La numérisation peut être effectuée sur place, à la demande d’un usager, pour des documents spécifiques. Les Archives Départementales disposent du matériel nécessaire pour ces numérisations à la demande. En revanche, la numérisation de documents en grande quantité est confiée à un prestataire externe, qui intervient sur site afin que les archives ne quittent pas le bâtiment.
La Salle de restauration et de reliure
Dans cet atelier, sont restaurés uniquement certains documents stockés dans les Archives, et ce, à la demande du conservateur. Plus rarement, des documents provenant de collectivités territoriales peuvent être restaurés, notamment dans le cadre d'une exposition. Les AD ne restaurent pas de documents provenant des particuliers.
C'est dans cette salle que passent les documents qui seront mis en valeur lors de la prochaine exposition prévue en décembre 2025 ... qui portera sur un lieu bien connu déjà évoqué durant nos réunions.
Étant donné le travail immense à accomplir, les Archives Départementales font également appel à des prestataires pour restaurer certains de leurs documents.
Actuellement, plusieurs "chantiers" en interne sont menés :
- la restauration des répertoires des notaires du XVIe et du XVIIe siècle
- les dessins de Léo Drouyn
La restauration est une longue suite d'étapes indispensables : constater l'état du document, quelle est sa matière, décrire ses altérations et essayer de comprendre comment elles se sont produites, réaliser un diagnostic des altérations et apprécier leurs potentielles évolutions, et enfin quelle valeur culturelle peut présenter le document (le texte, la reliure, la manière d'écrire, a-t-il été remanié par le passé pour diverses raisons ? ...) - c'est la codicologie.
La restauration est un travail minutieux qui allie réflexion intellectuelle et savoir-faire manuel. L’intervention sur un document doit être la plus minimaliste possible afin de préserver son intégrité. Il est également essentiel qu’elle soit réversible, pour permettre son retrait si nécessaire. Parfois, la restauration vise simplement à ralentir la dégradation du document.
Pour chaque document, la restauration doit être documentée avec rigueur afin d’assurer la traçabilité des modifications qui lui sont apportées.
Nous avons été admiratifs face à la passion et au professionnalisme des deux restauratrices et nous les remercions sincèrement pour avoir partagé leurs expériences avec nous.
Les expositions actuelles aux AD de la Gironde
Les AD de la Gironde proposent deux expositions :
- l'une sur le camp d'internement de Mérignac - 1940/1944
- l'autre sur les 256 du camp de Souge
Le camp d'internement de Mérignac
Ce camp « centre de séjour surveillé
» regroupera toute une
population d’« indésirables » du gouvernement de Vichy : internés
politiques et de droits communs, étrangers, juifs et « marchés noirs ».
À la Libération, le camp verra défiler d’autres internés, soupçonnés
de collaboration avec l’ennemi. De sa création à sa fermeture en 1948,
le camp a accueilli 8 730 personnes (selon une estimation de la
préfecture).
Le camp de Souge
Entre 1940 à 1944, le camp militaire de Souge est investi par l’armée allemande d’occupation Au
cours de la guerre, 256 résistants y seront abattus, d’après le recensement de l’association du Souvenir des fusillés de Souge.