L'une de nos adhérentes a réalisé des recherches sur son arrière grand-oncle Numa Jules Bourgouin, l'époux de Marie Clémentine Meiffre. Ce nouvel épisode de son histoire familiale va nous faire voyager au Vietnam, pour découvrir un personnage ambitieux et aventureux.
Présentation de Numa
Numa Jules Bourgouin nait le 30 mai 1851 à Troyes dans l'Aube de Jules Bourgouin et de Françoise Mocqueris et décède à Hanoï au Vietnam le 10 février 1911 à l'âge de 59 ans. Il appartient à une famille de commerçants vosgiens établis boulevard du Temple à Paris
Il appartient à la classe 1871 (faire des recherches dans les archives militaires) et il effectue des périodes de 28 jours à Verdun et de 13 jours à Laon dans l'artillerie en 1883.
Il se marie le 26 février 1881 à Avignon avec Marie Clémentine Meiffre qui est l'aînée de la grande fratrie Meiffre. Un contrat de mariage est passé devant Maître Almaric le 24 février 1881 à Avignon.
Il choisira, pour ses affaires, d’accoler le nom de Meiffre à son propre nom. Il sera ainsi connu sous le nom de Bourgouin-Meiffre, non pas que Numa souhaitait faire avancer la cause féminine, mais pour "[établir] une distinction souvent nécessaire dans le cas d'une nombreuse famille" pour ses affaires commerciales et industrielles. Dans certaines entreprises, il associera son beau-frère, Henri-Léon, le petit frère de Marie-Clémentine.
Le départ à Hanoï
Son esprit aventureux s'exprime en 1884 : avec son épouse et leur première fille, c'est l'installation à Hanoï.
La famille arrive au moment où est dénoncée depuis quelques année l'inertie commerciale et entrepreneuriale des Français sur place par les hommes politiques, par l'opinion publique de la métropole et même par le Gouverneur Général et les résidents sur place. Dans ce contexte, 2 Chambres de Commerces sont créées, l'une à Hanoï et l'autre à Haïphong : la microsociété entrepreneuriale française aura ainsi une représentation et accès à un statut.
Ses affaires, ses succès
Numa choisit d'investir ses capitaux (et ses espoirs ?) dans diverses entreprises :
1884 : maison de commerce à Hanoï :
- fabrication de chemises, mouchoirs
- fabrication de peppermint Get frères, de biscuits à champagne,
- fabrication de banyuls, de la chartreuse Garnier
1885 : il reçoit 5 récompenses à l'exposition universelle d'Anvers
1887 : acquisition d'une ferme de badiane
1889 : création d'une distillerie de de plantes aromatique à Hanoï
1890 : acquisition d'une concession pour la culture du coton sur les bords de la rivière Noire
1891 : création d'une filature de soie puis de coton en association avec 5 industriels parisiens, alsaciens ou vosgiens
de 1891 jusqu'en 1932 : confection d'uniformes pour l'armée indigène pour les linh co
1897 : achat de la tuilerie-briqueterie du Grand Bouddha à Hanoï - en association avec son beau-frère Henri-Léon Meiffre
1900 : grand prix en collaboration avec le protectorat, à l'exposition universelle de Paris
1905 : exploitation de la mine de fer de Cavan près de Thai Nguyen
Ses investissements portent ses fruits; il reçoit de nombreuses récompenses qui viennent saluer la qualité de ses productions. Mais ce n'est pas tout, il est également reconnu par ses pairs et accède à des fonctions au Conseil Municipal et à la Chambre de Commerce d'Hanoï, et reçoit des distinctions honorifiques telles que Chevalier de l'ordre royal du Cambodge (1893) et Officier de l'ordre impérial du Dragon de l'Annam (1889).
Henri Philippe d'Orléans dans son ouvrage "Autour du Tonkin" lui consacre quelques pages élogieuses en 1894 concernant ses mérites d'entrepreneurs et les récompenses dues.
Cependant, ses succès ne plaisent pas à tout le monde et la campagne pour les élections en 1893 est féroce : extrait de l'Avenir du Tonkin du 11 mai 1895 :
NE VOTEZ PAS POUR M. BOURGOUIN MEIFFRE
C'est en mai 1903 qu'il reçoit l'une des plus hautes distinctions française : Chevalier de la Légion d'honneur (faire des recherches dans la base Léonore).
Une attaque de pirates
Le 26 novembre 1888, Numa et l'un de ses employés, M. Jousseaume, escortent un convoi de badiane lorsqu'ils tombent dans un piège tendu par une trentaine de pirates. Ils se font attaquer et M. Jousseaume est abattu. Quant à Numa sérieusement blessé par 3 balles et des coups de machette, il arrive toutefois à se défendre contres ses assaillants. Il est retrouvé, soigné et il guérit de ses blessures. Il s'en est fallu de peu car les assaillants, à cette époque ont pour coutume de couper la tête de leurs victimes... Et le convoi de badiane arriva à bon port ...
Les frères Lumières
Et enfin pour terminer l'histoire de Numa, notre adhérente e a eu l'incroyable surprise de découvrir que les Frères Lumière avait réalisé un petit film sur la sortie de l'usine de briqueterie appartenant à Numa et à son beau frère Henri-Léon Meiffre.
On y aperçoit Numa et Henri-Léon assistant à la sortie des employés de l'usine. Numa est près du portail, il semble recevoir quelque-chose et Henri-Léon, est à ses côtés, tout de blanc vêtu. Une vraie pépite que tout généalogiste rêve de découvrir.
La villa de Numa en 2024
Tran Nam Mong un jeune peintre souffrant de plusieurs handicaps a gagné le premier prix d'une compétition de peinture intitulée "Inspiring Tradition" grâce à sa toile représentant la villa de Numa !
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Quelques Ressources
Commerçants et Colons français au Tonkin, Les pionniers oubliés de la colonisation
Entreprises Coloniales Françaises
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